Période: Après Guerre (1945 - 1958)
Folklore: Faluche
Région: Occitanie
Type d'objet: Pin's et Insignes
Filière: Droit
Ville: Toulouse
Ordre Ordre de la Tétine Sublime
Association Association Générale des Etudiants de Toulouse
Association Association Corporative des Etudiants en Droit et Sciences Economiques de Toulouse (à partir des années 1960)

Description

Ce pin's-insigne, sous la forme d'une broche, est composé du logo de l'Association Générale des Etudiants de Toulouse, c'est à dire un blason de Toulouse surmonté d'une faluche sur le circulaire de laquelle sont écrites les lettres "AGET" ; le tout posé sur une tétine dorée. 

Analyse

Peu après la seconde guerre mondiale, plusieurs ordres étudiants son créés pour redynamiser et donner une nouvelle image au folklore estudiantin. On trouve par exemple l’Ordre de l’Astragale ou encore l’Ordre du Cul Sec [1].

A Toulouse, l’Association Générale des Etudiants (A.G.E.T.) décide de créer en 1948 l’Ordre de la Tétine Sublime. Jacques Moron, son président, aussi appelé le « Père de la Tétine » [2], explique à « V Magasine » qu’il est destiné à récompenser tous ceux « capables de faire oublier à son prochain la triste condition humaine », c’est-à-dire les artistes et les « gloires sportives » [3]. Suzy Delair, actrice, est peut-être la première à avoir été décorée, début février [4].

Quelques semaines plus tard du 1er au 7 Mars ont lieu les fêtes de la mi-carême, si populaires dans la population, et chez les étudiants en particulier avant la guerre. C’est l’A.G.E.T., en collaboration avec les commerçants de la « Commune Libre de la Colombette » qui l’organise. Les étudiants décident d’exploiter ce début de Babyboom pour en faire le thème de leur carnaval, qui se déroulait du 1er au 7 Mars, et mettent à l’honneur les nourrices. [5]

C’est l’occasion pour l’ordre d’être mis en avant. Il participe aux festivités et y réalise un monôme, la « Cavalcade de l’Ordre de la Tétine » [6]. Il en profite également pour décorer cinq chanteuses et chanteurs populaires dont Charles Trenet le « Fou chantant », mais aussi le gagnant de la course de trottinette, et Miss A.G.E.T, étudiante en pharmacie. Miss Beaux-Arts, déçue de ne pas avoir été choisie, « tenta le tout pour le tout et n’hésita pas à se montrer dans le plus simple des appareils » raconte Moron. [2]

En 1951, les étudiants récidivent lors de leur carnaval de la mi-carême. Jean Marais, acteur, devait se produire le jour même dans la ville rose. Ils l’« enlevèrent » en taxi pour le décorer. Il du alors embrasser toutes les miss des diverses facultés de la ville avant d’être poursuivi par deux cents admiratrices (pas toujours étudiantes) [7].

Dans les années 1960, l’Ordre tombe en désuétude, et est repris par la corporation des étudiants en droit de la ville. Il ne récompense plus les artistes, mais ceux qui avaient particulièrement bien oeuvré au sein de l’association. [4][8]

Enfin, l’ordre a été relancé en 1994, toujours par la corporation des étudiants en droit. Il récompense toujours les « bons corporatistes », mais « regroupe désormais les étudiants soucieux de perpétuer la tradition escholière dans un certain respect des coutumes "ancestrales" » [7].

Sources et annotations

[1] Hervé Giraud, communication personnelle.
[2] Liberté-Soir, 4 mars 1948
[3] V, Magasine illustré, 28 mars 1948
[4] Liberté-Soir, 18 mars 1948
[5] D. Fabre et C. Camberoque, « La Fête en Languedoc – Regards sur le Carnaval aujourd’hui », 1977
[6] Liberté-Soir, 13/02/1948
[7] Le Franc Tireur, 05/03/1951
[8] Manuel Segura, « La Faluche, une forme de sociabilité estudiantine », 1994

Cet article a été rédigé en collaboration avec Hervé Giraud pour Estudiantinerie.

 

 

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