Un cursus scolaire particulier

L’entrée à l’université se fait sur inscription, après avoir obtenu le Baccalauréat. Pour les grandes écoles, c'est différent et elles sont généralement accessibles uniquement sur concours. Certaines demandent un niveau très élevé, et il est alors fortement conseillé, voire obligatoire, de préparer pendant deux ce concours d’entrée. On parle des célèbres Ecole Polytechnique, Ecole Centrale, Ecole Normale, et plus tard, de la quasi-totalité des écoles de commerces et des écoles d’ingénieurs.

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La célèbre classe de « Mathématique Spéciale » (Math Spé) apparaît dès 1806 et préparait déjà au concours de la prestigieuse Ecole Polytechnique, fondée en 1794, et c’est en 1852, sous Napoléons III que ces classes sont déplacées après la fin du Lycée, une fois le baccalauréat obtenu.

Une coiffe du XVIIIè siècle

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L’origine du Calot se retrouve dans les coiffures de repos des soldats du XVIIIè siècle. L’usage voulait qu’ils confectionnassent leur coiffe dans la jambe de leurs pantalons usagés, et c’est dans l’arrêté du Roi Louis XVI du 25 avril 1767 « pour l’habillement et l’équipement de ses troupes » qu’il trouve une première définition réglementaire.

Le folklore de l’Ecole Violet (Ecole d’Electronique et de Mécanique Industrielle de Paris) raconte que c’est Napoléon III qui, quand il a créé les grandes écoles d’ingénieur civils, leur aurait accordé le droit de porter cette coiffe, et c’est peut-être suite à cela que les classes préparant ces écoles, s’inspirant déjà de l’Ecole Polytechnique pour leur folklore, se sont mises à le porter.

Plusieurs types de classes préparatoires

A l’origine, chaque classe préparatoire orientait ses élèves vers le concours d’une école en particulier. Avec le développement des écoles privées, chacune demandant toujours plus de compétences à ses candidats, les classes préparatoires se sont mises à se spécialiser dans un domaine spécifique (Taupe pour les sciences, Khâgne pour les littéraires, etc… et leurs programmes se sont uniformisés par rapport à cette spécialisation). Si des pratiques folkloriques au sein de ces classes préparatoires sont déjà attestées en 1830, en étroit lien avec ce qui se faisait à l’École Polytechnique dont elles préparaient le concours à l’époque, l’apparition des diverses filières a élargis le folklore et chaque classe porte aujoud’hui un khalot aux couleurs et ornements différents.

Ainsi, chaque classe possède des couleurs uniques de Khalot, même si il semble que, comme toujours, certaines classes et certains lycées possèdent des particularités. 

Dans le tableau ci-dessous, retrouvez les couleurs généralement adoptées, ainsi que les insignes associés aux concours passés par le préparationnaire.

ClasseNom FolkloriqueSurnom des élèvesCouleurs du KhalotInsignes des concours préparés

Math Sup / Math Spé

Taupe

Taupins

  • Fesse : Rouge 
  • Calot : Noir    
  • Passepoil : Rouge
  • Bandeau : Noir
  • X : Ecole Polytechnique*
  • Etoile et Foudre : Sup’Elec
  • Aigle : Aéronotique et Espace (Sup’Aéro)
  • Epervier : Aviation Civile
  • Cornue et Ballon : Ecoles de chimie
  • Marteau et Maillet : Arts et Métiers
  • Chameau : Les Mines de Paris
  • Abeille : Centrale Paris [1]

Littéraires

Kâgne

Kâgneux

  • Fesse : Marron  
  • Calot : Marron
  • Passepoil : Jaune
  • Bandeau : Marron
  • Chouette : Ecole Normale

Economiques

Epice

Epiciers

  • Fesse :  Bleu Ciel
  • Calot : Bleu Ciel
  • Passepoil : absent
  • Bandeau : Bleu Marine
  • Caducée Mercure : Ecole de Commerce

Agronomie

Fûme

Fûmiers

  • Fesse : Vert 
  • Calot : Vert
  • Passepoil : Jaune ou Blanc
  • Bandeau : Vert
  • Epi de blé,
  • Epi de blé et faucille,
  • Grappe de Raisin,
  • Carotte
  • Poireau

Vétérinaire

Fûme

Fûmiers ou Vétos

  • Fesse : Noir
  • Calot : Rouge
  • Passepoil : Vert
  • Bandeau : Rouge
  • Tête de Cheval
  • Tête de Vache

Militaire

Corniche

Cornichons

  • Fesse : Rouge
  • Calot : Rouge
  • Passepoil : absent
  • Bandeau : Rouge
  • Pas d’insignes.

* le X, symbole de l'École Polytechnique dont c'est le surnom, est présent sur tous les kalots de taupins, qu'il en prépare le concours ou non. C'est un héritage historique.

Étoiles et nombre d'années

Le nombre d'étoiles permet de savoir en quelle année est le préparationnaire et combien d'années il a passé dans la prépa. On le trouve grâce au calcul de l'intégrale de X. Si le préparationnaire est entre sa première et sa deuxième année dans la prépa "Intégrale de X entre 1 et 2 = 1/2". Un élève de première année est donc appelé un 1/2 et porte une étoile, c'est un Bizuth. 

De la même façon :

  • un élève de deuxième année sera un 3/2 et portera 3 étoiles dorées, c'est un Kharré
  • un élève de troisième année sera un 5/2 et portera 5 étoiles dorées, c'est un Khube
  • un élève de quatrième année sere un 7/2 et portera 7 étoiles dorée, c'est un Bikharré
  • etc...

Dans la grande majorité des cas, le préparationnaire ne va pas redoubler la première année. La seconde, sera redoublée une ou plusieurs fois si il échoue au concours, à moins qu'il n'abandone. 

Dans de très rares cas, généralement pour raison médicale, il peut arriver que le préparationnaire redouble la première année. On parle alors de 2/2, puis de 4/2, 6/2, etc... il est donc possible de voir un nombre d'étoiles paires sur un Khalot. 

Dans les prépas scientifiques, il arrive régulièrement qu'on trouve des rubans disposés de biais. Les deux premiers seront soit jaune si l'année de promotion est impaire, soit rouge s'il est pair. Le second ruban suivra cette même logique, et la couleur sera donc l'autre. En cas de redoublement, la troisième année sera sur ruban vert, et éventuellement sur un ruban bleu en cas de quatrième année. Ces années de promotions sont le plus souvent indiquées sur l'une des faces. Elles se comptent à partir de l'année de fondation de l'Ecole Polytechnique, soit depuis 1794.

Enfin, on retrouve également le nombre d'année en frontal, il correspond au nombre de doubles gallons portés.

Généralement, une tête de mort sur fémurs croisés indique que le ou les concours ont été échoués. 

Une coiffe liée à la vie de la classe

Un préparationnaire peut se voir confier des rôles, folkloriques ou non au sein de la prépa. Ces rôles sont indiqués également sur le Khalot, généralement leurs initiales. On trouve : 

  • Z : le Zident, diminutif de Président. C'est généralement le président du BDE, ou parfois le délégué de la classe auprès de l'administration
  • VZ : Vice-Zident
  • KS : le trésorier, celui qui s'occupe des Kestions de Sous
  • PDM : Préfet des Moeurs. il existait aussi un PDP.
  • CO : Chef d'Orchestre
  • VCO : Vice Chef d'Orchestre
  • SO : Satyre Officiel
  • TV : Très Vénérable... TV précède généralement un autre sigle. Par exemple TVPDM. 

Cette liste n'est pas exhaustive et certaines écoles ont une imagination débordante. Pour chaque poste qu'il a occupé, le préparationnaire va mettre 2 étoiles argentées, ou deux étoiles plus petites, en plus des étoiles correspondant à ses années au sein de la prépa. 

On trouve également sur la grande majorité des khalot scientifiques le sigle MSKOH. Contrairement aux exempls ci-dessus, ce n'est pas un poste, mais la devise des taupins : J'aime (M) souffrir (S, le symbole chimique du Souffre) et potasser (KOH, celui de la Potasse).

Autres insignes

Sur les Khalots plus ou moins modernes, on peut trouver tout un tas d'autres insignes, généralement inspirés directement du folklore de la Faluche. 

Comme toujours dans le folklore étudiant, il peut exister de nombreuses particularités, et tout ou partie de ce qui est écrit ici peut être invalidé dans certains lieux et à certaines époques. 

Sources

La plupart des informations ci-dessus sont issues du Livret des Etats Généraux de la Faluche dans lequel on trouve une tentative de formaliser par écrit les traditions des préparationnaires. Le code qu'il contient étant très fortement inspiré de la pratique du Khalot au Lycée Faidherbe de Lille, il a ensuite été confronté à l'analyse individuelle des nombreux Khalots présentés sur ce site. "Le Calot dans l'armée française moderne" du Capitaine Jean-Baptiste Petrequin, conservateur du musée militaire de Saumur, est également une source majeure des propos évoqués ici, en particulier ceux portant sur l'histoire du bonnet. 

Autres sources : 

[1] Marc Bonnet, ancien de l'Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Montpellier, et du Lycée Pierre de Fermat de Toulouse. Communication personnelle le 16/04/2024.

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