Description

A l'arrière de la photo, on peut lire l'inscription "Les maîtres d'internat Lycée d'Amiens 1926-27"

Analyse

Le 1er Germinal an XII (22 mars 1804), la commission administrative des Hospices d’Amiens et la Société Médicale fondent l’École de Santé d’Amiens. Il est prévu qu’elle forme des “officiers de santé”, ayant des attributions similaires aux infirmiers d’aujourd’hui. Elle ne forme pas des Docteurs en Médecine. A cette époque, seules les Universités de Paris, Montpellier et Strasbourg ont le droit de délivrer ces Doctorats. Néanmoins, elle est la première école du genre en France, et sera un exemple pour un grand nombre d’établissement au cours du XIXè siècle.
 
En 1840, elle devient l’école préparatoire aux études de médecine et de pharmacie, tout en continuant à former des officiers. Les étudiants en médecine pouvaient y aller pendant les deux ou trois premières années de leur cursus avant de rejoindre une université plus importante permettant d’obtenir leur doctorat. En 1892, La fonction d’officier de santé est supprimée de la hiérarchie hospitalière et l’école risque d’être fermée. C’est un certain Jules Verne, alors conseiller municipal, qui lui permet de survivre.
 
La première guerre mondiale porte un coup terrible à l’école. Le centre-ville a subi de très lourds dégâts, et elle doit être délocalisée à Rouen. Elle est de retour à Amiens au milieu des années 1920. C’est à cette époque-là que cette photo a été prise. On peut y voir les sept étudiants qui étaient alors maîtres (surveillants) d’internat, peut-être au Lycée National Louis Thuillier, lors de l’année scolaire 1926/1927.
 
On peut voir sur leurs faluches que quatre d’entre eux portent une tête de mort sur fémurs croisés, l’un des insignes utilisés dans les années 1920 pour symboliser la médecine. A l’époque, l’insigne de la filière est généralement porté en frontal sur le velours, même si on en voir parfois sur le ruban circulaire comme c’est le cas pour deux d’entre eux. La filière des trois autres est plus difficile à déterminer.
  • Le premier semble avoir une palette et pinceau, pouvant signifier qu’il s’agit d’un rapin (un étudiant es Beaux-Arts) ,
  • Le second semble avoir un livre ouvert et pourrait étudier les lettres, mais il porte aussi un circulaire bicolore avec liseré inférieur, et semble porter lui aussi une tête de mort sur fémurs sur le velours ; peut-être est-il en P.C.N (Physique, Chimie, sciences Naturelles, les études préparatoires aux études de santé de l'époque)
  • Le troisième semble avoir une palette et pinceau lui aussi, mais cette fois sur le même circulaire bicolore que le précédent.
Dans le journal « Alger Etudiant » de Mars 1928, Pierre Malaterre s’insurge contre la présence de la tête de mort comme emblème de la Médecine. « C’est un emblème funéraire, et si des corporations devaient le prendre comme insigne, ce ne saurait être que celle des croque-morts et des fossoyeurs. […] La profession médicale possède déjà un emblème traditionnel : le serpent de la prudence qui s’enroule autour du bâton d’Asclépios qui est devenu notre caducée. » Mais malgré ses protestations vigoureuses, il faudra attendre les années 1970 pour voir disparaître la tête de mort comme emblème des étudiants en médecine au profit du daducée.
 
L’école préparatoire sera définitivement détruite en 1940 par les bombardements allemands. On notera pour finir qu’un certain Jean, qui sera résistant et déporté en 1943, a lui aussi fréquenté cette école, même s’il est peu probable qu’il ait connu ces anciens-là, vieux d’une quinzaine d’années de plus que lui.
 
Cet article a été publié à l'origine sur Faluche.info
 
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